• J'ai vu ma psy il y a une heure à peine et je lui ai parlé du vide que je ressens et qui me grignote de l'intérieur.
    Elle m'a dis que le vide n'existait pas, qu'il s'agit d'un manque de quelque chose.
    Et on en est venue à parler de l'angoisse d'abandon.
    C'est un vide que je ressens depuis toute petite.
    En faite rien à voir avec le manque d'activité.
    Je souffre donc d'une angoisse d'abandon d'abord dans l'enfance avec ma mère qui a souffert de dépression peu après ma naissance et qui n'était donc pas présente pour moi.
    Puis maintenant vis à vis de mon ami, qui joue aussi le rôle de mère tellement nous sommes fusionnels.
    Dès que mon ami n'est pas là pour moi je me sent seule et vide, alors qu'il ne cesse pas de m'aimer. Mais lorsque il va travailler où même si il est à la maison mais qu'il joue à un jeux vidéo, je me sens abandonné.
    Merci à ma psy pour toutes ces explications, du coup j'analyse, je fais des liens et je me sens moins vide.

    Il arrive que cette angoisse, source première de douleur psychique et d'affect de deuil , reste présente chez l'enfant qui n'arrive pas à la dominer. Pour Freud S., il ne s'agit pas d'une problématique dépressive tournant autour d'un deuil impossible, il le conceptualise de cette manière :

    "Il n'y a pas deuil impossible d'un objet dont on investit l'ombre mais deuil impossible d'un objet jamais entièrement intériorisé et dont, par conséquent, on investit le "trou".

    Cette angoisse est liée à une faille narcissique précoce minant toute rencontre à venir, qui est toujours, potentiellement, une séparation. C'est-à-dire séparation d'avec l'autre mais aussi d'avec soi. Se séparer, c'est perdre l'illusion d'une totalité qu'on pensait être ou faire avec un objet et appréhender alors la réalité et soi-même sous un autre jour. Ainsi se structure le psychisme humain.

    "L'identité de l'homme implique séparation et perte. Il est clair, alors, que naître, c'est mourir à ce qui nous conçoit - ce qui implique que ce qui nous conçoit nous donne à nous-même."

    Mais si l'angoisse d'abandon prend le dessus, tout sera mis en oeuvre pour ne pas vivre justement ce qui, au lieu d'être structurant, devient intolérable, la toute-puissance du sujet étant ébranlée. Ces narcissismes "troués" sont en effet tout-puissants ou ne sont pas. Dans ce cas, surgissent des états dépressifs importants dominés par un sentiment de vide et d'impuissance. De multiples moyens sont déployés pour éviter cette menace y compris celui de se précipiter à faire des enfants à qui, à leur tour, on refusera la vie. Ainsi une maman prise par les affres de l'abandon réel dont petite fille elle aura été "l'objet", soumise à la crainte de reproduire le malheur, et qui choisit de ne jamais se séparer de son enfant, risque fort d'être là sans l'être. Dans les bras d'une mère, physiquement présente, toute à lui mais absorbée par son ancien malheur, l'enfant perçoit qu'en dépit des apparences sa mère n'est pas disponible, en tant que mère, pour le soutenir. Ni pour lui, ni avec lui. Comme si elle redevenait l'enfant qu'il ne peut alors être, il se sent abandonné en tant que tel. Il peut traduire son manque en tentant d'attirer l'attention maternelle par des moyens plus ou moins heureux, des pleurs au mutisme, du pipi au lit aux câlins incessants, du sourire à la chute, qu'elle soit physique ou scolaire. Elle ne saura ni ne pourra lui répondre. En effet, paradoxalement, tout en étant incapable de se séparer de lui, elle ne sera plus avec lui. Et au pire, se ressentira alors elle-même abandonnée par son enfant qui cesse d'être l'enfant idéal. Le lien se renforce sous le sceau du sentiment indicible d'abandon partagé et nuit à la séparation.

    Une manière d'éclairer cette angoisse et ces narcissismes "troués" est de se tourner vers le miroir et l'imaginaire : l'angoisse d'abandon renvoie à une défaillance notoire du premier miroir que constitue le regard maternel. Ce ne fut pas un regard où l'enfant s'est senti exister en tant que lui-même ("lui-même" aurait pu prendre alors sens) mais d'un regard absent. Winnicott D.W. souligne combien, à ce moment-là, le bébé va s'évertuer à ce que l'environnement lui réfléchisse quelque chose de lui. "Exister" a ainsi très tôt été synonyme de l'entretien actif par l'enfant d'une relation à l'autre au sein de laquelle il était "comme" sa mère le "voulait", où ce qu'il y avait de central en lui risquait d'être atteint. Relation dangereuse mais dont on ne peut se passer, telle est cette première relation d'amour qui ressemble étrangement à toute relation dite de "dépendance". Ces enfants n'ont pas eu la chance de s'aliéner dans le miroir : pas d'image où se capter ni de fascination.

    "Si le visage de la mère ne répond pas, le miroir devient alors une chose qu'on peut regarder, mais dans laquelle on n'a pas à se regarder."

    La perception devient une défense (et non un échange avec le monde) et les miroirs offerts par la vie un sujet de doutes et de questions. Jeammet P. souligne que la dépendance signe un échec relatif des intériorisations précoces, elle serait une manière de gérer l'angoisse d'abandon. Longtemps, le sujet peut ne pas souffrir de sa dépendance pourvu que l'approvisionnement narcissique soit satisfaisant et sécurisant. Mais, lorsque l'intégrité narcissique est menacée (comme par exemple à l'adolescence par l'éveil des besoins objectaux), la dépendance devient cliniquement parlante avec adoption de comportements ou de conduites symptomatiques pour lesquels le sujet développera justement l'attitude de dépendance qu'il refuse aux objets. Des mécanismes d'idéalisation, de clivage, de déni, ... permettront dans certains cas de limiter cette dépendance à une fonction physiologique, une partie du corps, une drogue, ...

    "Il y a substitution du contre-investissement du corps, de la nourriture ou de la drogue à celui d'une ou de plusieurs personnes de la réalité extérieure."

    Le but est de protéger son narcissisme et de maîtriser l'objet du désir. La menace narcissique peut aussi s'étendre très loin, jusqu'au désir et aux pulsions qui se trouvent alors clivés, "objectisés", et traités comme tels. Ceci rend compte des grandes difficultés rencontrées chez ces personnes à se laisser aller au désir.

    L'observation de ce qui se passe entre parents et enfants montre que l'angoisse d'abandon n'est pas uniquement le fruit du désinvestissement parental inélaborable par l'enfant. Ce même enfant subit non seulement le deuil de ses parents mais a aussi pour fonction d'éviter à ces derniers d'en supporter le poids. Il y a transfert, expulsion de deuils non élaborés, dénaturés et méconnaissables sur l'enfant. Cela se traduit cliniquement par l'investissement très narcissique dont l'enfant est l'objet avec des relations parents-enfant très perturbées : confusion de générations, familles à secrets, ... On se sépare toujours au moins à deux, chacun garantissant à l'autre de demeurer vivant après la séparation. C'est justement cela que des parents incapables de faire un travail de deuil ne peuvent offrir à l'enfant. Chacun devient alors le support de l'intégrité voire de l'existence de l'autre. Dans ces relations basées sur des repères purement imaginaires, l'enfant se sent toujours plus ou moins responsable du "regard mort" de ses parents et alimente, à sa manière et souvent au détriment de son développement, le lien fragile et totalitaire qui l'unit à eux. Il est l'objet fétiche sur lequel s'exerce la toute-puissance parentale qui n'est autre que le cache-misère d'un manque fondamental de confiance en eux.

    ll peut y avoir ouverture à la culture, à la créativité et au monde en général mais sans que cela ne passe par l'aménagement d'une séparation parents-enfants. Cela demeure purement défensif d'où l'aspect souvent "boulimique" de ces intérêts et aussi, pourquoi pas, de belles réussites! Mais si réussites il y a, elles sont toujours en complète dysharmonie avec l'être humain qui se cache derrière : une pensée géniale, des prouesses sportives considérables, des créations artistiques reconnues mais parallèlement, une personne au bord du gouffre ... le propre de ces réussites sociales ou autres, est qu'elles sont toujours douloureuses. Du reste, on y retrouve souvent une plus ou moins grande dimension masochique.

    Exemple : Alix, jeune préadolescente qui excelle en gymnastique et qui s'entraîne à toute heure du jour ou de la nuit jusqu'à se rompre les ligaments du genou et des chevilles ... Ce qui ne l'empêchera pas de continuer, malgré les douleurs et les risques articulatoires, dans la même frénésie.

    Ces surinvestissements jouent le rôle de sein de substitution. Le sujet se les crée mais ils ne tiennent pas la route car il s'épuise à les nourrir et non l'inverse. Des réussites douloureuses qui laissent l'individu dans un fragile équilibre. Si l'angoisse d'abandon pousse "à faire", à se construire un sein de substitution, quels qu'en soient la forme et le prix, la confiance en un environnement fiable permet au contraire de se laisser aller à un "état non intégré", un état de repos, de détente, au cours duquel naît la vraie créativité puisque le sujet est lui-même.

    Parfois, c'est l'individu lui-même qui devient son propre sein.  Il se replie sur lui dans une solitude qui, paradoxalement, est activement recherchée. Cela est le cas de certains adolescents qui renoncent à s'éprendre par peur de ne pouvoir se déprendre de leurs premiers objets d'amour. Il s'agit alors d'une solitude refuge mais aussi d'une solitude piège, désespérante et désespérée, où le meurtre fantasmatique des parents que tout adolescent a à accomplir est rendu impossible par la fragilité narcissique de ces derniers. S'ouvrir au monde, à l'autre, constitue une trop grande menace et un véritable matricide. Cette solitude protège des déceptions (dramatiques) mais s'accompagne chez l'adolescent d'un sentiment de honte et d'impuissance.

    Dans d'autres cas, le choix d'une vie en couvent ou consacrée à une cause est peut-être sous-entendu par cette recherche de solitude protectrice. Ici, elle aurait alors l'avantage d'être socialement valorisée. De toute façon, il s'agit toujours d'une solitude sans présence supposée : il n'y a plus rien, ni personne à perdre ou plutôt à attendre. Suprême moyen de dénier l'appel infini d'une mère disponible chez ces sujets qui n'ont eu que "la mort faite mère" en guise de miroir.

    Cette première rencontre avec elles-mêmes (dans la mort du regard de l'autre) oriente irrémédiablement la manière d'être de ces personnes : une absence fondamentale de confiance en elles et en leur environnement dont, qu'elle que soit la manière de s'en défendre, elles dépendent narcissiquement.

    Si l'enfant entre en cure, il est important d'offrir aux parents un cadre, un lieu où ils se sentent suffisamment en sécurité narcissiquement afin qu'ils puissent y évacuer leurs fantômes tout en en libérant progressivement l'enfant. Dans les cas favorables, ils entameront un travail psychothérapique, sinon le thérapeute aura la tâche difficile de permettre à l'enfant de se libérer des deuils parentaux tout en assurant aux parents des garanties narcissiques. Si ce travail n'est pas assuré, la prise en charge de l'enfant ou même de l'adolescent sera interrompue pour x raisons ou perpétuellement mise en doute par la famille. Telle cette mère qui chronométrait la durée de la consultation de sa fille considérant qu'à moins d'une heure on ne s'en occupait pas ou ce père qui pendant plus d'un an s'est évertué à "détruire" systématiquement les effets thérapeutiques des entretiens de son enfant en le bombardant de représailles après chacun d'eux.


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  • Petit à petit

     

     

    L'homme qui jeûne est un livre de Belinda Cannone. C'est un roman philosophique qui bascule dans le roman noir.

    Un homme s'engage dans une profonde remise en question, se retire du monde et décide de jeûner. Il jeûne our ignorer ce corps qui incarne la part animale de l'être, pour rompre avec l'humanité, pour éprouver la validité de la vie. Au fils des jours, son corps se creuse et ses pensées envahissent le huit clos de sa chambre. Il se rappelle sa rencontre avec une femme devant un tableau du Corregio à Vienne, ses repérages d'oeuvres d'art pour un réseau qui les vole et les revend. La peinture, les animaux, les arbres, les plongées sous marine, toutes ces passions l'ont écarté peu à peu des autres. Pourtant, des visites de plus en plus intrusives menacent sa retraite intérieure.

     

     


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  • Auparavant dénommés dispensaires d'hygiène mentale, les centres médico-psychologiques sont des établissements publics français (ou privés faisant fonction de public) qui regroupent des spécialistes et proposent une offre de soins mentaux prise en charge par la Sécurité sociale.

    Un CMP regroupe des médecins psychiatres, des psychologues cliniciens, des infirmières, des assistantes sociales, des psychomotriciens, des orthophonistes et des éducateurs spécialisés. Il assure généralement des consultations, visites à domicile ou encore des soins infirmiers. Contrairement aux praticiens libéraux, les consultations en CMP sont entièrement prises en charge par la Sécurité sociale.

    Les CMP sont en charge d'un secteur géographique déterminé ; ils sont rattachés à un hôpital public (ou privé faisant fonction de public). Il existe des CMP pour adultes et pour enfants

     

    Je remercie le c.m.p. ou je suis patiente, sans eux je serais surement déjà loin.

    Il faut savoir que les consultations sont gratuites, et je suis souvent allé là bas en urgence, le jour même ou au pire le lendemain de mon appel au secours par téléphone.

    N'hésitez pas à vous y rendre.


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  • Petit à petit

     

    Cela faisait cinq mois que mon ami et moi tentions de faire un enfant. Au bout de cinq mois ça a marché. Un mois après j'invitais mes parents et grands parents à boire le champagne pour fêter cette bonne nouvelle. J'achète des livres, me documente. J'arrête de fumer et surtout j'arrête de prendre mon traitement. L'anti-dépresseur et le zyprexa.

    Déjà je supporte mal l'arrête brutal du traitement, je tombe vite en dépression grave. J'ai faillie être hospitalisé lorsque je suis allé au cmp et que j'ai dis à ma psy tout ce que je ressentais.

    Puis j'ai fait une fausse couche. Je l'ai mal supporté. J'ai bien sûr repris mon traitement, mais rien n'y faisais, j'étais toujours en dépression avec des idées suicidaires.

    A force j'ai demandé à me faire hospitaliser par moi même. J'ai été hospitalisé une semaine pendant laquelle mes idées noires sont parties.

    Mais au jour d'aujourd'hui, une semaine et demi après ma sortie de l'hôpital je ne vais pas mieux, mes idées noires sont même revenues. Prenrde tous mes cachets, sauter par la fenêtre sont des idées qui ne me quitte pas de la journée. Je lutte de toute mes forces.

    Je ne laisserais pas la maladie gagner, et je lutterais toujours contre ces phases dépressives, mais c'est un dur combat. Et parfois j'ai peur...


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  • Accueil

    Je suis une ancienne anorexique qui pesait l'été dernier 43 kilos.

    Le zyprexa, thymorégulateur que je dois prendre pour soigner ma bipolarité, qui enlève le sentiment de satiété, et ma boulimie mon fait prendre 25 kilos.

    Jusque là j'acceptais mon nouveau corps avec des formes, même si tous mes vêtements sont devenus vite trop petits.

    Mais là je ne le supporte plus, j'ai ce midi vomi pour la première fois depuis longtemps mon repas. Je n'en suis pas fière et en même temps je suis contente de moi. C'est un sentiment curieux.

    Comme je ne veux pas retomber dans la spirale de "je mange, je vomis", je décide de faire un jeûn.

    A partir de maintenant.

    C'est aussi un moyen de me détruire à petit feu, une forme de suicide lent.

    Je ne sais pas combien de temps on peut tenir sans manger et je le verrais bien.

    Bien sûr j'ai déjà tenter de me suicider à plusieurs reprise avec des médicaments tellement je souffrais mais mon ami était toujours présent et m'a emmener aux urgences.

    Je ne peux plus maintenant faire souffrir mon entourage en faisant des tentatives de suicides, ou en sautant du dernier étage mon immeuble.

    Je préfère faire un jeûn, laisser mon corps exprimer ma souffrance.

     


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